Carnet 2 : Tanger - Dunes d'Hassi Labied


Tanger-Merzouga : environ 1 100 km
Tanger-Merzouga : environ 1 100 km

Du V 5 au L 8 avril : Arrivée au Maroc par le port de Tanger-Méd (Maroc) à 11 h. Nous avons ici 1 heure de moins qu'en France, mais il pleut toujours ! Les formalités de Police se font très rapidement, et celles de la Douane en 1/4 d'heure.

Il faut maintenant traverser sur 30 km une montagne un peu difficile sous un ciel au plafond très bas, pour rejoindre la côte méditerranéenne à Martil. (63 km)

Nous nous installons au camping pour plusieurs jours en attendant que le temps repasse au sec. Difficile de choisir un emplacement car ceux qui restent libres sont couverts d'eau ! Nous en choisissons un pas trop boueux !!!

Après le repas, nous profitons d'une éclaircie pour faire un tour à pied le long de la plage : la mer est calme malgré le vent. Nous apprenons que pendant la semaine où les bateaux ne circulaient pas dans le détroit, la municipalité de Martil a dû chaque jour utiliser des engins pour remettre sur la plage le sable que la mer remettait aussitôt sur la route !

Le soir, nous essayons de joindre au tél. par WhatApp Jérôme et Léopoldine, mais la connexion Wifi n'étant pas au top, nous avons dû abandonner...

S 6 avril : Toute la journée, nous subissons une succession d'averses et d'éclaircies qui clouent tous les campeurs dans les c-cars, au sec, au chaud et à l'abri des fortes rafales d'un vent glacial !. J'en profite pour actualiser le carnet.

D 7 avril : Ce matin, je continue la rédaction du carnet car il pleut encore un peu et il ne fait pas chaud. Nous parvenons à joindre Jérôme au téléphone pour donner et recevoir des nouvelles. A 13h, nous sortons sous un ciel clément pour aller manger au même restaurant de poissons que les années précédentes: olives à l'apéro (eau minérale), un peu de paella en entrée (cadeau !), 2 grosses louches d'excellente soupe de poissons en entrée, et plat très copieux d'espadon accompagné de croquettes de pommes de terre. Après cela, nous refusons tout dessert car nous sommes repus ! Voyant que nous n'avons pas terminé nos plats, le garçon nous prépare un "doggy bag" pour ce soir ! Un peu de marche sous un chaud soleil pour rentrer au c-car nous fait le plus grand bien !

L 8 avril : Ce matin, nous avons profité d'une éclaircie pour faire un tour à vélo de 20 km dans les environs de Martil. L'après-midi, quelques courses en ville pour acheter des fruits et légumes et une carte téléphonique de Maroc Télécom. Nous pourrons ainsi contacter  des cousins près de Marrakech et notre ami Youssef, ainsi que des campings. Le temps est resté clément et la t° était agréable. Demain nous quitterons Martil pour descendre vers la ville de Chefchaouen, dont nous avons déjà visité la superbe médina (vieille ville) lors des voyages précédents.

 

Ma. 9 avril : Nous quittons le camping à 10 h et traversons la montagne sur une belle route pour arriver à Chefchaouen à 12 h 30 (107 km). Après le repas, visite de la médina, surnommée "la ville bleue". Nous y croisons beaucoup de chinois qui sont attirés vers cette destination qui leur plaît beaucoup. Mais nous sommes un peu déçus de notre visite (par rapport aux précédentes) car nous ne pouvons plus admirer les belles couleurs des façades des maisons qui sont couvertes de tapis, de vêtements et de souvenirs en tous genres... On se croirait dans un souk avec toutes ces boutiques ! Sur le chemin du retour vers notre camping, nous rencontrons un marocain avec qui nous discutons pendant 1/2 h, qui a fait ses études d'ingénieur aéronautique à Toulouse. Discussion très intéressante. Il travaille maintenant à l'aéroport de Casablanca comme directeur d'entreprise. Le soir, Alice nous téléphone par WhatsApp. Le temps s'est bien amélioré : t° douce et 1ère journée sans pluie, ça fait du bien !!!

Me 10 avril : Nous quittons Chefchaouen vers le Sud, par le Rif, en direction du lac Al Wahda. La route est belle et nous sommes surpris de voir des champs cultivés jusqu'en haut des collines, sur de fortes pentes. On y cultive aussi des oliviers sur d'immenses surfaces, avec parfois des pentes si raides qu'on se demande comment ils font pour récolter les olives ! La région est bien verte et exploite également des pins.

Mais tout à coup, la route se dégrade, et je dois slalomer entre les trous pour éviter les plus gros ou plus profonds. Quelle poisse ! C'est une vigilance de chaque instant et je ne peux plus admirer le paysage qui est pourtant magnifique... Je ne peux dépasser 30 km/h, et je suis souvent en-dessous !

Quand nous arrivons au lac de barrage Al Wahda, nous "ratons" un bivouac sur une plate-forme, mais plus loin, la route s'éloigne et nous ne trouverons plus de bivouac pour la nuit. Nous poursuivons notre chemin, tantôt "bon", tantôt "mauvais", tantôt en travaux, toujours sans possibilité de stationnement, et j'en ai "plein les bottes". Heureusement, quand la route quitte la montagne, nous trouvons asile sur un parking, à côté d'un terrain de sport et d'une école. Nous avons parcouru, en 7 h de route, 166 km !!!  Nous passerons dans ce village une nuit calme.

 

J 11 avril : Nous quittons notre emplacement sous la pluie pour nous diriger vers Fès. En effet, le temps n'est pas engageant, et nous décidons d'annuler notre visite dans le Parc National de Tazekka (à l'Est de Fès), car nous risquons d'avoir froid en montagne et de ne pas pouvoir nous balader.

20 km avant Fès, nous nous arrêtons à Sidi Harazem, village célèbre par ses sources chaudes et bienfaisantes pour les voies digestives. Nombre de marocains font la queue pour remplir des bidons qu'ils emportent chez eux. C'est aussi un lieu de rendez-vous familial où l'on trouve nombre de vendeurs en tous genres, et des distractions.

Nous arrivons au camping de Fès à 11 h 30, et la police présente sur les lieux nous informe que le camping est fermé par décision judiciaire !!! Mais ils précisent que l'on peut stationner gratuitement le long du trottoir, que nous serons en sécurité jour et nuit, qu'on peut prendre une douche chaude et avoir la Wifi. Nous mangeons et partons en bus vers la médina, toujours aussi belle et très visitée, autant par les marocains que par les étrangers. Il a fait très beau et chaud l'après-midi, 20°, cela nous convient parfaitement.

 

V 12 avril :  La nuit a été calme (avec boules Quies, préventivement). Ce matin, contact par WhatsApp avec Guillaume et la famille. Peu après notre petit-déjeuner, le gardien est venu frapper à notre porte et, surprise, nous offrir 2 baguettes et 2 pains au chocolat pour le petit-déj ! Nous le remercions, mais nous les mangerons plus tard.

 

La météo semblant s'être améliorée, nous décidons de parcourir la boucle prévue dans le Parc National de Tazekka, à l'Est de Fès, que nous ne connaissons pas. C'est un endroit très particulier qui mérite bien son classement.

La route qui contourne le massif est correcte, sauf par endroits, les paysages sont magnifiques. Nous commençons par des gorges dont les falaises ocres nous rappellent un peu l'Ouest Américain. Puis en montant, nous voyons tous les changements de végétation: d'abord, des rhododendrons (qui sont parfois énormes), ensuite des cèdres de l'Atlas, puis une forêt de chênes-liège avec des bruyères de plus d' 1 m de haut parfois !

Nous avions 2 objectifs dans ce parc : le premier était de découvrir le Cerf de Berbérie que les marocains essaient de réintroduire dans la montagne d'où ils avaient presque disparu. Mais nous n'en avons pas vu car ils sont vraiment très discrets. Le 2ème objectif était de visiter la Grotte de Friouato, dont le gouffre de 200 m de profondeur est assez impressionnant. Mais à l'arrivée, on nous dit que la grotte est fermée depuis 2016, après un éboulement qui a causé la mort d'une institutrice, et aucun travail de consolidation n'étant commencé, personne ne sait quand elle sera ré-ouverte ! Y' a des jours où on n'a vraiment pas de bol ... 

 

Notre tour étant terminé, au lieu de dormir sur place puisqu'il n'y a rien à voir, nous retournons à Fès, dormir devant notre camping, toujours fermé (390 km !!!) . Nous arrivons à 19 h 30, et nous sommes encore bien accueillis par les gardiens ...

 

S 13 avril : Nous prenons la route, plein Sud, vers Midelt, après avoir pris le petit déj apporté par un des gardiens de nuit : 2 baguettes bien croustillantes et 2 petits-pains au chocolat. Ne sont-ils pas sympas, ces marocains ?

Nous roulons pendant des km, entourés de plantations d'oliviers. Souvent, celles-ci sont contre-plantées de fèves, de façon à ne perdre aucune surface cultivable. Bien sûr, de temps en temps, en bord de route, les oléiculteurs proposent leurs productions d'olives et d'huile. A Imouzzer-Kandar, nous voulions voir des cascades. Eh bien, elles n'étaient pas alimentées (la guigne continue) ! Quelques km plus loin, nous nous arrêtons en bordure d'un lac (Dayet Aoua), dont nous faisons le tour à vélo (8 km). Mais pour diverses raisons, ce lac est en train de s'assécher. Néanmoins le cadre est très agréable, et malgré la disparition des poissons, des oies sauvages et des poules d'eau, le site reste touristique. Cette région est un lieu de pomiculture. La route est bien vallonnée, entre des sommets jusqu'à 2000 m couverts de beaux cèdres. Nous avons même traversé une station de ski à Mischliffen (sans neige, bien sûr !). Plus bas, quelques campements nomades sont plus ou moins visibles de chaque côté de la route. D'ailleurs, de nombreux bergers gardent de grands troupeaux de moutons. Nous arrivons au complexe Camping-Hôtel-Restaurant "Timnay", peu avant Midelt, à 15 h 45. Ciel bleu toute la journée et chaleur, sauf en montagne, où "le fond de l'air" reste très frais ! (185 km)

D 14 avril : Pas mal de monde (marocains et groupe de 4x4 espagnols humanitaires) au resto "Timnay", et du bruit jusqu'à 22 h. Mais la nuit a été bonne, et ce matin, ciel bleu et 7° dehors. On s'en contente en écoutant la météo de France avec ses t° négatives... Plus tard, nous aurons 24° quand même, donc 1er repas dehors et bain de soleil. Dommage que l'eau de la belle piscine du complexe soit un peu froide pour se baigner ! Journée farniente...

Le soir, les 4x4 reviennent manger et dormir à l'hôtel. Avant la nuit, le parking est plein de véhicules de toutes sortes, y compris un bus de tourisme. Le camping fait presque le plein...

L 15 avril : Nuit calme et moins fraîche qu'hier. Ce matin, soleil et ciel voilé. Vers 10 h, les touristes sont partis et il ne reste que 2 c-cars. Nous allons faire une balade dans les champs pour voir un étang, un site géologique où sont montrées les différentes roches de la région. Il y a aussi un tumulus préhistorique, mais c'est trop loin...

Le soir, le camping est plein à nouveau ! 2 groupes de 4x4 : 1 anglais et 1 espagnol.

Ma 16 avril : Ce matin, même temps qu'hier : soleil voilé sans vent et 13° à 9 h 30. Rangement du matériel, plein d'eau et vidanges pour une étape de 240 km environ, vers le Sud, jusqu'à Erfoud. Journée très chaude : 33° tout l'après-midi. Vers midi, nous nous arrêtons  dans un hameau où il y a des sources thermales. L'eau sort de terre près de la rivière , à 45°. Les gens ont formé comme un bassin avec des galets et ils "prennent les eaux" dans cette piscine extérieure,  2 h pour les hommes, puis 2 h pour les femmes,,alternativement... (nous n'avons pas le droit de photographier les hommes faisant trempette). Bien sûr, avec une prescription médicale, ils peuvent soigner leurs douleurs dans les établissements thermaux du lieu : 1 pour les hommes et 1 pour les femmes ! Nous pensons qu'ils ont de gros problèmes avec la vision de leurs corps (peut-être de l'hypocrisie). Comme il n'y a rien de spécial à faire ni à voir, nous continuons jusqu'à Erfoud où nous nous installons au Camping Tifina que nous connaissons. De nombreuses tentes de Portugais sont installées,  mais les campeurs sont partis faire une balade en voiture dans les environs. Nous ne profiterons pas de la belle piscine malgré la chaleur (33°) car elle n'est pas nettoyée. (

 

Me 17 avrilAprès une nuit calme, nous reprenons la route pour aller visiter des khettaras, 3o km à l'Ouest d'Erfoud.

Cette technique des khettaras est considérée comme l’un des plus vieux systèmes de gestion des eaux de culture, puisqu’on fait remonter ses origines en Perse antique, il y a plus de 3 000 ans. Concrètement, il s’agit d’utiliser la configuration du terrain pour recueillir les eaux de pluies et les eaux souterraines, en vue d’alimenter les villages pour irriguer les cultures). Les habitants ont creusé des galeries souterraines parfois à 40 m sous terre, qui, par simple effet de gravité, conduisent les eaux dans les périmètres de culture, 10 à 20 kilomètres plus loin. Nous avons pu descendre dans l'une d'elles, accompagnés de Karim qui nous en a expliqué le fonctionnement. Mais nous avons été surpris de ne pas voir d'eau : Il y a environ 50 ans que les khettaras sont à sec à cause de la sécheresse et des différents forages dans la nappe phréatique !

Nous reprenons la route vers Hassi Labied, au pied des dunes de sable. Nous nous installons au Camping Océan des Dunes, comme l'an dernier. Il fait 35° et un vent fort soulève sable et poussière. Au camping, on nous dit qu'il était prévu à 120 km/h. Ce n'est pas le cas, on l'a échappé belle ! Nous apprenons aussi que les bivouacs prévus pour les méharées avec nuit dans les dunes ne sont plus autorisés et ont dû être démontés. Ce n'est donc pas ici que Colette remontera sur un drom ! Le soir un groupe de c-cars espagnols finit de remplir le camping. (110 km)

 

J 18 avril : 23° au réveil, ciel très laiteux, pas ou peu de vent. Nous décidons d'aller jusqu'à Merzouga à vélo avant que le vent nous ensable les narines, les yeux et les oreilles ! Nous longeons les dunes par la route pour ne pas nous "planter" dans le sable. A Merzouga, nous ne reconnaissons rien : des centaines de maisons sont sorties du sol depuis nos visites de 2008 et 2010. De grands et superbes hôtels ont vu le jour, nous en avons visité deux qui nous ont enchantés ! Les campings se sont aussi multipliés et bien équipés. C'est une bonne chose pour les nomades du coin qui avaient tendance à quitter la région pour trouver du travail en ville, dans le Nord du pays. Du fait de l'afflux des touristes, ils restent sur place ou reviennent dans la région ancestrale. Ils accueillent les voyageurs, les nourrissent, les divertissent, les promènent, leur vendent des produits d'artisanat local et leur expliquent pourquoi et combien ils aiment cet endroit. Cela leur permet aussi de continuer à pratiquer l'élevage du dromadaire. Le village s'est agrandi, bien sûr, mais aussi s'est modernisé et embelli.

Pour midi, nous avons commandé une "pizza berbère", livrée au c-car : c'est une sorte de "calzone", farci de légumes divers, d'olives vertes et d'oeufs, cuits avec des épices. C'était excellent, et nous en avons fait 2 repas ! Après-midi 35°, mais le vent s'est renforcé et soulève des nuages de sable qui viennent "lester" le c-car : il y en a partout ! Dans les dunes, les 4x4 qui promènent les touristes sont obligés d'allumer leurs phares. Du camping, on ne voit pratiquement plus les dunes.

En soirée, le vent se calme et nous décidons de dormir avec les lanterneaux ouverts.

 

V 19 avril : Cette nuit, à minuit, des bruits nous ont réveillés en sursaut. Nous avons rapidement compris de quoi il s'agissait : nous étions en train de subir des rafales de vent très fortes. Rapidement, je les ai fermés et on s'est recouchés. Mais le c-car a continué à être secoué comme on ne l'avait jamais vécu, et on a très mal dormi ! A 10 h ce matin, ce n'est toujours pas fini et personne ne sait dire quand cela se finira... L'intérieur du c-car est indescriptible : du sable, de la poussière et des minuscules débris végétaux partout. Et tout réapparaît au fur et à mesure qu'on essuie !!!

Nous pouvons ajouter, concernant les dunes, que nous avons été fortement "enquiquinés" par des espagnols de Ceuta, qui sont venus passer la Semaine Sainte à Merzouga pour faire la fête : matin et soir, ballets incessants de quads, buggies et motos devant le camping et à l'assaut des dunes. Bien entendu, ils ont incommodé tout le monde par le bruit des moteurs pétaradant dans le silence ambiant, par l'odeur des fumées, et aussi par les nuages de poussière et de sable qu'ils produisaient en conduisant "à fond la caisse" ! On n'a pas retrouvé l'authenticité des lieux qu'on avait appréciée lors de nos précédents passages ... Est-ce là le progrès ? Mais le Maroc évolue, comme chez nous, pas toujours en bien !

Nous avions envisagé de quitter les lieux en espérant trouver un coin plus calme. Nous y avons renoncé pour éviter de nourrir le moteur du c-car avec du sable, en roulant... Dans l'après-midi, le vent s'est radouci. Nous partirons demain.


Fin de ce "Carnet 2"